Classement par auteur

lundi 23 avril 2012

Todd Strasser - La Vague - 1981

* Comment j'ai découvert ce livre...
J'ai découvert La Vague par le film allemand du même nom sorti en 2008. Le thème m'a interpellée, prof d'histoire oblige, et j'ai depuis eu envie de lire le roman dont était tiré ce film, lui-même adapté d'une histoire vraie. L'occasion de lire ce court ouvrage s'est présentée dernièrement, lorsque les collègues de lettres ont reçu un exemplaire promotionnel.

* L'histoire :
Fin des années 60. Ben Ross est professeur d'histoire dans le paisible lycée de Gordon, aux États-Unis. Alors qu'il explique à ses élèves l'histoire et le fonctionnement du régime nazi, il est surpris par la remarque d'un élève qui affirme qu'un régime autoritaire tel que le Troisième Reich ne pourrait plus se reproduire dans notre société occidentale moderne. Ne trouvant pas de réponse claire à cette affirmation, il décide alors d'expérimenter un jeu de rôle dans sa classe afin de faire comprendre aux élèves ce qu'est au quotidien un régime autoritaire. L'objectif est de les faire réfléchir sur la remarque de leur camarade, qu'ils semblent tous cautionner. Jour après jour, les jeunes adolescents américains nonchalants et rebelles vont se transformer en élèves disciplinés, admiratifs de leur professeur, et ayant adopté des codes de plus en plus liberticides. L'enseignant va s'apercevoir que ce qui n'était qu'un jeu à l'origine va très vite le dépasser et embrigader tout le lycée.

* Mon avis :
On ne possède quasiment aucune source sur l'expérience réellement menée en 1967 aux États-Unis par Ron Jones. Il l'a en effet racontée cinq ans après les faits et s'est même parfois contredit dans ses propos. Aucun ancien élève n'a témoigné et, à part deux courts articles du journal du lycée, on ne bénéficie d'aucune source contemporaine des faits. Le roman et le film tirés de cette histoire sont donc finalement très peu fidèles à la réalité. J'ai appris cela seulement après ma lecture et je dois dire que j'ai été plutôt déçue car  j'aurai aimé lire une histoire vraie !

De prime abord, on se dit que le livre de Todd Strasser est frustrant dans le sens où les faits sont relatés de façon extrêmement simpliste et le lecteur est surpris de constater avec quelle facilité le groupe de lycéens se laisse manipuler et dominer par leur professeur, surtout après avoir passé plusieurs heures à étudier le régime nazi ! Le style employé par l'auteur se résume au triptyque "sujet-verbe-complément". Pas de tournure alambiquée et agréable à lire, pas de longue description des faits ou bien des caractères des personnages. On se contente du minimum et, de fait, le livre est lu en moins de deux heures ! Le sujet, fascinant, est donc ici traité de manière beaucoup trop dépouillée pour permettre de bien analyser les mécanismes qui se sont opérés dans la tête de ces jeunes lycéens et c'est fort dommage. On se contente de constater que de jour en jour, ils deviennent de plus en plus embrigadés et soumis et pouf, l'expérience s'arrête comme elle est venue. Quelques élèves s'insurgent face à ce phénomène : il y a bien deux ou trois lycéens intelligents qui ont compris que leur prof cherche à les manipuler et cherchent à le faire savoir, mais ça s'arrête là.

 Malgré tout, ce livre a un intérêt certain. En effet, si on l'envisage non pas comme une lecture d'adulte mais plutôt dans l'optique d'une histoire destinée à des jeunes, il prend tout son sens : facile à lire, il peut leur permettre de mieux comprendre la mise en place et les caractéristiques d'un régime autoritaire. Je conseille donc ce petit livre aux collégiens et lycéens en complément de leur cours d'histoire.

lundi 2 avril 2012

Arnaldur Indridason - Hypothermie - 2007

* Comment j'ai découvert ce livre...
Il m'a été prêté par ma mère, grande fan de polars comme moi, qui plus est de polars nordiques. Je vous avais habitués aux polars suédois, cette fois-ci, cap sur l'Islande !

* L'histoire :
Le commissaire Erlendur est amené à constater le suicide d'une jeune femme, Maria, retrouvée pendue dans son chalet d'été du lac de Thingvellir. Après autopsie, l'affaire est vite classée en suicide. Quelques jours plus tard, une amie de Maria demande à rencontrer le commissaire. Elle est persuadée que son amie ne pouvait pas se suicider et lui remet une cassette contenant un enregistrement réalisé lors d'une entrevue entre Maria et un médium. Maria avait perdu deux ans auparavant sa mère, victime d'un cancer. Les deux femmes s'étaient promis que s'il existait réellement une vie après la mort, la mère ferait un signe à sa fille. Et il semblerait que Maria aurait réussi à entrer en contact avec l'au-delà... Erlendur, dubitatif et troublé, décide alors de se pencher sur ce cas, seul. Il souhaite en savoir plus sur cette femme et va alors fouiller son passé ce qui lui réservera bien des surprises.

* Mon avis :
Dès les premières lignes, j'ai tout de suite été plongée dans une ambiance froide, enneigée et venteuse telle que je les aime ! Des lacs, des forêts, des cabanes en bois colorés, une langue indéchiffrable qui vous fait tout de suite penser aux vikings... Mon attirance pour les pays du Nord a été confirmée (avait-elle besoin de l'être ?!). Le style de l'auteur est fluide, les chapitres sont courts et le suspens lié à l'enquête fait que la lecture de ce polar est extrêmement rapide. J'ai tout de suite accroché à l'histoire. Tout comme Erlendur, j'ai été intriguée par l'aspect paranormal lié à la personnalité de Maria : était-elle réellement entrée en contact avec le fantôme de sa mère ? Au fil des semaines, le commissaire assemble les pièces du puzzle du passé de Maria et nous découvrons en même temps que lui le parcours de cette femme, empreint de secrets et de tragique. Peu à peu, on entraperçoit la raison de sa mort. J'ai, une fois n'est pas coutume, plutôt élucidé rapidement l'enquête concernant la mort de Maria mais je n'ai absolument été déçue de ce fait. En effet, le parcours du commissaire étant riche et varié en rencontres et en escapades à travers l'Islande, on ne se sent pas frustré d'avoir "trouvé". Le personnage d'Erlendur m'a séduite. Un peu lassée d'Hercule Poirot et de la suédoise Erica, j'ai apprécié découvrir un nouvel enquêteur, au caractère très différent des sagas meurtrières que j'ai pour habitude de lire. Attention, je reste une inconditionnelle de la grande Agatha Christie et de Camilla Läckberg mais, comme je l'avais signalé plusieurs fois, à force de lire le même auteur, on a besoin d'originalité. Bon, en terme d'originalité on s'aperçoit que je lis toujours autant de polars mais croyez-moi, ce style littéraire est loin d'être monotone et redondant ! Chaque auteur aborde les crimes et la psychologie des personnages d'une manière bien particulière ! Pour revenir à Erlendur, j'ai aimé son côté bourru, ses tentatives de dialogue maladroits avec sa fille, sa façon de mener l'enquête, lentement mais surement, sans tomber dans les excès que l'on peut retrouver dans les séries policières télévisées. En faisant des recherches pour rédiger cet article, j'ai eu la bonne surprise de découvrir que le commissaire islandais est en fait le personnage principal d'une saga qui compte déjà une petite dizaine d'ouvrages ! Je sens que je vais vite lire d'autres histoires d'Indridason !!