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mardi 10 juillet 2012

Kenize Mourad - De la part de la princesse morte - 1989

* Comment j'ai découvert ce livre et pourquoi j'ai eu envie de le lire :
C'est en feuilletant l'étal d'un libraire lors du formidable festival de globe-trotteurs ABM que j'ai été intriguée par ce livre. La quatrième de couverture invite en effet au voyage dans le lointain Orient et, baignant dans cette ambiance du fait du thème de la journée, je me suis laissée convaincre !

* L'histoire :
De la part de la princesse morte est la biographie romancée de la princesse ottomane Selma, petite fille du sultan Mourad V. En 1918, la famille impériale ottomane vit ses derniers moments de faste. L'empire s'effondre suite à la défaite de la Première Guerre mondiale et la prise du pouvoir par Atatürk les pousse à l'exil. Selma et sa mère fuient à Beyrouth, accompagnés de quelques serviteurs dont leur fidèle eunuque Zeynel. C'est dans le Liban de l'époque du protectorat français que Selma vivra ses années d'adolescence, de l'école catholique française, où elle sera surnommée "la princesse aux bas reprisés" aux premiers bals en compagnie de la jeunesse dorée de l'époque. Mais sa mère, Hatidjé sultane, rêve d'un grand destin pour sa fille et entreprend l'envoi de missives en direction de royaumes musulmans pour marier Selma et maintenir le rang de la famille. C'est alors qu'âgée d'une vingtaine d'années, la princesse un brin rebelle part pour l'Inde, afin d'épouser un riche rajah. Selma découvrira alors le luxe des grands palais princiers qui vivent au rythme de rituels immuables malgré l'occupation britannique et l'éducation londonienne des princes. Là, Selma sera confrontée aux douloureux différends qui opposent hindous et musulmans et aux premières velléités d'indépendance. A la fin des années trente, on retrouve Selma à Paris, alors qu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Elle y mettra au monde, sa fille, l'auteur de ce fabuleux récit, avant de mourir à l'âge de 26 ans.

* Mon avis : 
Il y a des livres qui vous prennent aux tripes au point que vous ne pouvez vous empêcher d'y penser constamment. De la part de la princesse morte est de ceux-là. Si j'ai été profondément émue par Rien ne s'oppose à la nuit, dernière chronique en date, je l'ai été encore plus par l'histoire de Selma. Son destin tragique m'a touchée et j'ai comme été liée à ce personnage au point de pleurer dans les derniers chapitres. Au delà du récit poignant de la vie de Selma, j'ai été fascinée par l'histoire de ces pays que sont la Turquie, le Liban et l'Inde. J'ai appris beaucoup sur la période de l'entre-deux-guerres en Orient et j'ai envie d'en apprendre encore plus sur le sujet ! En outre, ce livre m'a confortée dans mon rêve de voir l'Inde. Dans Les jardins de Badalpour, que je pense lire très vite, Kenize Mourad raconte comment, jeune femme, elle est partie en quête de son histoire familiale et à la rencontre de ses oncles et tantes et surtout de son père. Pour finir, je joins exceptionnellement une image à ma chronique : il s'agit de la photo de Selma qui figure sur sa tombe, au cimetière musulman de Bobigny.

6 commentaires:

  1. Bonjour Noémie,
    Je suis entrain de lire "de la part de la princesse morte", passionnée par l'univers que décrit Kénizé Mourad.
    J'ai découvert ton blog en cherchant une photo de Selma. Merci de l'avoir jointe à ton article! C'est vrai qu'elle aurait pu largement rivaliser avec les stars hollywoodiennes de l'époque :)
    Comme toi, j'apprends beaucoup sur l'entre-deux guerre en Orient et je trouve qu'il est autant fascinant que difficile parfois de se représenter l'atmosphère et les gens de ces villes cosmopolites que sont Beyrouth et Istanboul... Quand on n'a pas vécu ce mélange des styles, des cultures, c'est dur à imaginer (en même temps que cela laisse beaucoup de liberté à l'esprit). En effet ce n'est pas le stéréotype occidental que d'imaginer une princesse orientale rousse au teint de lait. Aussi, je ne sais pas si ça te l'as fait, mais je me demande parfois comment sont habillés les personnages: à l'oriental, à l'européenne, en tcharchaf... Et que pouvait bien porter Selma dans ses soirées mondaines de Beyrouth en tant qu'Altesse musulmane? Elle se voit offrir les voiles traditionnels pour son douzième anniversaire et pourtant je ne pense pas qu'elle sortait voilée dans Beyrouth. Cela aussi fait réfléchir, rêver, voyager...
    Par ailleurs, si tu as aimé le livre et que tu es attirée par l'Inde, je te conseille le dernier livre de Kénizé Mourad (c'est comme ça que je l'ai découvert et que j'ai eu envie de lire d'autres choses de sa plume): "Dans la ville d'or et d'argent", qui relate un épisode plutôt méconnu de la lutte pour l'indépendance indienne, autour du personnage d'Hazrat Mahal, jeune poétesse devenu Régente de son royaume d'Inde du nord. J'ai littéralement dévoré ce livre!
    Bonne continuation
    Cordialement,
    Solène

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    1. Merci Solène pour ton avis ! Effectivement, je me suis aussi prise à rêver en imaginant les tenues de Selma et de sa mère, notamment au début du roman où l'on voit les couturières qui lui confectionnent une tenue mais qui n'ont pas le droit de la toucher car elle est princesse ! Tout cet univers est fascinant... J'ai très envie de lire le dernier roman de Kenizé Mourad. Sur Youtube, tu trouveras une interview d'elle où elle parle de sa famille, de ses retrouvailles avec ses tantes, de son parcours... c'est passionnant ! Si toi aussi tu es attirée par l'Inde, je te conseille L’Équilibre du monde de Rohinton Mistry. C'est une saga qui nous fait suivre le destin de divers personnages et de leurs familles depuis l'Indépendance jusqu'à nos jours. Difficile de résumer un livre aussi dense ! C'est l'un de mes livres préférés, il m'a bouleversée !

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  2. Ouii! Est-ce cette interview avec Frédéric Mitterrand? Elle est très touchante. Dire qu'elle a pu reconstituer toute son histoire seulement après ses 18 ans, et encore... Finalement, elle était française et apprend un peu du jour au lendemain qu'elle est la fille d'une princesse ottomane et d'un Rajah indien. What else?... Depuis, elle a l'air d'avoir complètement intégrer cette ascendance à travers ses recherches, ses livres, ses parents retrouvés. Elle est même intervenue dans un épisode de "Secret d'histoire", l'émission de Stéphane Bern, sur le sultan Soliman le magnifique. Elle est captivante quand elle explique la subtile hiérarchie du harem. Après cette émission, j'ai fait une recherche sur la série turque "le siècle magnifique" qui a beaucoup servit à illustrer l'histoire de Soliman. Mais la série passe sur beaucoup de ces subtilités décrites dans les livres de Kenizé Mourad... Intéressant tout de même. Pour ma part, je rêverai d'adapter l'histoire de Selma à l'écran. D'abord pour la splendeur qui se dégage de cet univers et puis pour mieux faire connaître l'histoire et les mœurs du Moyen Orient, trop souvent caricaturés ou en tout cas simplifiés je trouve...
    En tout cas, j'ai bien pris note de ton conseil! Peut être un prochain coup de cœur... Merci à toi! Je me permets de t'adresser un amical temanah ;)

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  3. j'ai adore ce livre et c vrai qu'il nous prend au tripes et j'ai pleure qvand la princesse meurt

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  4. Une histoire extraordinaire. Un livre magnifique dont on regrette d'avoir à tourner la dernière page.
    Des personnages inoubliables - des Femmes - qui illustrent les plus belles valeurs humaines, de générosité, de noblesse, de beauté morale... A vous donner la nostalgie de l'époque impériale...
    Merci à Madame Kénizé Mourad de ce cadeau inestimable. Comme j'aimerais la rencontrer !

    Sigrid.

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  5. Merci Noemi pour la photo!

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