Classement par auteur

mercredi 26 août 2015

Ken Follett - Les piliers de la terre - 1989

* Présentation de l'éditeur :
Dans l'Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent chacun à leur manière pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. Les fresques se peignent à coups d'épée, les destins se taillent à coups de hache et les cathédrales se bâtissent à coups de miracles... et de saintes ruses. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.

* Mon avis :
Enfin ! 
Enfin j'ai lu Les piliers de la terre
Vous savez sûrement que j'ai déjà lu plusieurs livres de Ken Follett, 5 précisément. J'attends d'ailleurs avec impatience d'attaquer le tome 3 du Siècle. Nous avons Les piliers de la terre depuis plus de cinq ans dans la bibliothèque. Pourquoi alors avoir attendu aussi longtemps pour le lire me direz-vous ? En fait, je voulais trouver le moment propice pour m'y atteler. C'est un gros pavé de plus de mille pages (et c'est écrit tout petit !). Je voulais avoir le temps de le savourer, de ne pas être obligée de le refermer pour vaquer à mes occupations quotidiennes. Il me fallait donc des vacances. Et pas n'importe lesquelles puisque c'est en voyage de noces que j'ai choisi de le lire. C'est donc à la faveur des soirées en camping, souvent à la lampe frontale, que j'ai savouré cette grande saga médiévale.

J'ai été déstabilisée pendant les premiers chapitres. J'avais en effet l'impression de lire un "copié-collé" d'Un monde sans fin. Il faut dire que ce n'est pas très judicieux de ma part d'avoir lu en premier la suite des Piliers !! Je le savais à l'époque mais je ne pensais pas que les deux livres seraient à ce point semblables. Ken Follett utilise toujours le même modèle pour construire ses intrigues et tous ses personnages se ressemblent d'un livre à l'autre. 

Et puis, petit à petit, je me suis laissée prendre par l'intrigue. Les destins des personnages sont romanesques, les coups du sort nombreux. La violence et l'amour, la haine et la passion rythment les vies de tous, du plus humble travailleur au puissant seigneur. Les personnages sont un peu stéréotypés et j'aurai préféré un peu plus de nuance dans les caractères. Parfois le malheur s'abat un peu trop souvent sur les héros. Le monde de Ken Follett est trop manichéen. Le Moyen-Age était certes une période troublée mais attention à ne pas tomber dans l'excès et les clichés !

Malgré tout, j'ai pris plaisir à dérouler le fil de cette saga, à suivre la vie sur le long terme des héros. Des sauts dans le temps ont lieu, c'est nécessaire, mais les choix des ellipses interpellent. Il y a par exemple un moment où l'héroïne est sans le sou et hop, la page suivante, quelques années plus tard, elle est riche ! Un petit paragraphe résume comment elle a gagné tout cet argent. A l'inverse, la mise à mort d'un ours par des chiens lors d'une foire est décrite pendant trois pages, sans que cela n'apporte rien à l'intrigue.

Ce qui m'a surtout plu dans Les piliers, c'est d'en apprendre plus sur la vie quotidienne au XIIe siècle, notamment dans les monastères. Pour cela, le roman est très instructif. La construction de la cathédrale, au cœur de l'histoire, est passionnante, au point que la cathédrale peut elle-même être perçue comme un personnage du livre !

lundi 17 août 2015

Jim Fergus - Mille femmes blanches - 2000

* Présentation de l'éditeur :
En 1874, à Washington, le président américain Grant accepte dans le plus grand secret la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du périple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart des "Mille femmes" viennent en réalité des pénitenciers et des asiles de tous les États-Unis d'Amérique... Parvenue dans les contrées reculées du Nebraska, l'une d'entre elles, May Dodd, apprend alors sa nouvelle vie de squaw et les rites inconnus des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l'alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, May Dodd assiste alors à la lente agonie de soi, peuple d'adoption...

* Mon avis :
 Cela fait trois ans que j'ai lu Marie-Blanche de Jim Fergus. Je me souviens avoir été séduite par son style et par le schéma narratif (l'auteur retraçait la vie de sa mère et de sa grand-mère en entrelaçant leurs deux destins). Lorsque j'ai publié ma chronique de blog à l'époque plusieurs personnes m'ont signalé que le best-seller de Jim Fergus c'est Mille femmes blanches. Les mois et les années ont passé mais j'ai toujours gardé ce conseil dans un coin de ma tête... jusqu'à ce que je le mette enfin en application ces dernières semaines !

J'ai mis bien plus de temps que prévu pour le lire, bien qu'il se lise très facilement. Le mois de juillet 2015 a en effet été très chargé pour moi ! C'est mon petit regret par rapport à ce livre : ne pas l'avoir lu d'une traite, afin de m'imprégner pleinement de l'ambiance.

Et quelle ambiance ! C'est une véritable plongée dans le far-west de la deuxième moitié du XIXe siècle. Loin des images véhiculées par les westerns et les poncifs de jeu "cowboys face aux Indiens", on découvre une société, celle des Cheyennes, aux codes moraux remarquables, en osmose avec la nature. Ceux qui sont qualifiés de "sauvages" sont en réalité extrêmement respectueux. 

Cette histoire nous est racontée par May Dodd. Fille de bonne famille, elle a outré son père en vivant avec un ouvrier qui lui a donné deux enfants. Pour la punir ses parents l'envoient dans un asile. Là, après plusieurs années d'enfer psychologique, elle se porte volontaire pour un programme complètement dément : épouser, avec 999 autres femmes blanches, des Indiens Cheyennes. Ce projet est l'initiative du président lui-même, afin de favoriser l'intégration des Indiens. May va donc partir avec d'autres femmes, aliénées comme elle, détenues de droit commun, mais aussi aventurières, vers l'ouest, dans un voyage vers un autre monde.

May consigne tous les détails de sa nouvelle vie dans des carnets qui constituent ce livre. Comme il s'agit d'un journal intime, on apprend très vite à connaître l'héroïne. Courageuse, drôle, osée, elle s'adapte tant bien que mal à sa nouvelle condition de troisième épouse du chef Little Wolf. Ses nouvelles amies nous sont de plus en plus familières.

Ce récit est une fiction mais il sonne terriblement vrai et éclaire sur les traitements infligés aux Indiens par les blancs. Expropriations, ravages de l'alcool, enfermement de force dans les réserves... L'histoire n'est pas glorieuse et même particulièrement honteuse pour les États-Unis.

J'ai refermé ce livre émue par le destin de May mais surtout enrichie historiquement et sensibilisée au sort des Indiens d'Amérique. Au delà d'être un roman bien écrit et trépidant, il s'agit d'un livre très instructif. Effectivement, il a une portée bien plus grande que Marie-Blanche !